La dictature du bien être : le droit d'aller mal

Publié le par Chats et yoga

J'ai laissé ce blog à l'abandon car il est arrivé un malheur dans ma vie. J'ai eu tellement de mal à y faire face qu'il m'a fallu presque deux ans pour m'en relever. Exactement il m'a fallu un an, dix mois et quatre jours.

Cette épreuve fait partie de celles qu'on surmonte difficilement : le deuil.

La perte d'un être cher, celui qui part sur son nuage en emportant une partie de votre coeur. La perte qui vous laisse pantelante, sans souffle et perdue.

Je dois avouer que c'est la première fois que j'ai été confrontée au deuil. J'avais jusqu'alors été épargnée par cette douleur. J'ai compris une chose : le deuil cela nécessite de la bienveillance envers soi-même et de la bienveillance des autres envers vous. Pourtant, les autres sont rarement bienveillants et ils le prouvent souvent à cette occasion. La douleur ne les touche pas donc elle n'existe pas.

Quand je parle de bienveillance des autres envers vous, je ne parle pas d'une présence constante ou d'une compassion dégoulinante. Non, je parle juste de respect. Le respect de la douleur et de l'envie parfois d'être seule pour pouvoir accuser le choc. Or j'ai vu plus d'égoïstes qui commentaient ma douleur que de personnes qui ont été respectueuses de ma douleur. Ces mêmes personnes qui vont exiger de vous : respect, attention, conseils etc. si une malheureuse difficulté arrive dans leur vie. J'en ai conçu une grande colère à leur encontre et ce n'est que très récemment que cette colère m'a quittée.

J'ai découvert que nous sommes seuls avec la douleur. Heureusement nous avons des gens proches qui font attention à nous. Mais rien de ce qui est dit alors n'est réconfortant. Finalement j'ai dû devenir ma meilleure amie car moi seule savais les mots ou les actes qui pouvaient me faire du bien. Je me suis donc renfermée, je me suis mise dans ma bulle. Entourée de mes proches qui ne voulaient que mon bien mais totalement seule et coupée du monde. Mon chakra coeur (anahata chakra) complètement fermé et isolé. 

J'ai fini par rencontrer une personne qui m'a parlé avec son coeur et fait comprendre que l'enfermement dans ma bulle m'avait mise en mode survie et que je ne vivais plus. Mon être cher n'aurait pas voulu que je survive. J'ai eu la chance d'être entourée, de pouvoir vivre mon deuil, de pouvoir cicatriser et de tomber sur une personne qui m'a faite sortir de ma bulle quand le temps est venu.

La dictature du bien être : le droit d'aller mal

Mais sortir de ma bulle, c'était comme sortir d'un sommeil très long. J'ai prêté attention avec plus d'acuité au monde qui m'entoure. Il m'a alors sauté au visage qu'il existait une dictature du bien-être : il faut aller bien. Pas le choix, on doit aller bien. On doit être la joie de vivre, avec une joie permanente. Les gens qui vont mal sont maltraités : "tu as un gentil mari, une belle maison... tu n'as pas de raison d'aller mal", "il y a plus malheureux que toi", "on a pas le choix, on fait aller"...

Quelle terrible vision. Les gens n'ont donc pas le choix que d'aller bien. Heureusement pour moi, je n'ai prêté attention à aucun commentaire de ce type quand j'étais dans ma bulle car sinon je crois que je n'en serais pas sortie. Je n'aurais donc pas eu le droit de dire que je souffrais... Car cela ne se fait pas dans cette société de bien-être où tout sourit mais uniquement aux beaux, aux heureux, aux maigres... 

Si cette société était vraiment celle du bien être, les gens ne seraient pas si mal en point mentalement. A chercher sans cesse un gourou pour aller mieux justement. Il suffit de regarder les vidéos qui pullulent sur les réseaux sociaux : beauté, bien-être intérieur, forme...

Si vous allez mal c'est que franchement vous le cherchez 🙄. 

Il y a quelques jours j'ai croisé une personne que j'aime beaucoup mais qui est touchée par mal profond et pernicieux : la dépression. C'est par cycle qu'elle vit sa vie et là elle était en cycle bas. Elle m'a dit qu'elle n'allait pas bien mais qu'elle ne voulait pas le dire car les gens autour d'elle commentaient et déformaient son mal être. Il est vrai qu'il n'y a rien de plus agaçant que des gens qui jugent, commentent et se félicitent de votre mal-être car ils se persuadent alors qu'ils vont bien (nous pourrions lancer un débat sur cette question).

Son mari, triste de l'état de sa femme et plein de bonne volonté, lui mettait la pression sans s'en rendre compte : "tu vas aller voir un psychiatre et cela ira mieux en deux séances". Oups ! Et si en deux séances cela ne fonctionne pas ? Elle va se sentir plus bas que terre. J'ai vu à son regard que cela n'était pas du tout ce dont elle avait besoin.

Je lui ai donc dit qu'elle avait le droit d'aller mal et de le dire. Que prendre conscience de sa douleur, c'est déjà un grand pas car une fois déterminée, on peut tenter d'apaiser  cette douleur avec nos propres mots (nous serons à jamais nos meilleurs amis). Et une fois la douleur apaisée, on peut s'ouvrir sur le reste, sortir de cette bulle qui nous protège finalement même si elle nous fait du mal en nous coupant du reste du monde et de ses bienfaits (la nature et ses ondes bénéfiques, les animaux et leur sagesse).

La dictature du bien être : le droit d'aller mal

Evidemment, mon propos n'est pas de se complaire dans sa douleur. Non mais uniquement d'en prendre conscience pour parvenir à la guérir par divers moyens : méditation, yoga, sport, amitiés, amour, solitude ressourçante, randonnées etc.

Il faut également vivre à son rythme : on a le droit d'être fatigué ou de très bonne humeur.

On a juste le droit d'être soi et de vivre selon ce que son coeur désire.

Namasté !

 

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